Les maisons anciennes, construites avant l’apparition des techniques modernes d’étanchéité, sont souvent confrontées à un phénomène bien connu : les remontées capillaires.
Ces traces d’humidité qui apparaissent au bas des murs ne sont pas dues à un défaut d’entretien, mais à un mécanisme naturel lié aux matériaux traditionnels et à la manière dont les bâtiments étaient conçus autrefois.
1. Des matériaux poreux par nature
Les murs anciens sont généralement construits en pierres, briques, torchis ou moellons liés par des mortiers à la chaux.
Ce sont des matériaux poreux, c’est-à-dire qu’ils contiennent de très nombreux petits canaux et cavités.
Ces pores fonctionnent comme des tuyaux minuscules capables de laisser passer l’eau par capillarité, exactement comme une éponge.
Lorsque les fondations sont en contact avec un sol humide, l’eau peut donc remonter naturellement à l’intérieur de ces pores sur plusieurs dizaines de centimètres, parfois plus d’un mètre selon le matériau et les conditions.
2. Une absence quasi totale de barrières étanches
Aujourd’hui, toutes les constructions modernes intègrent une barrière horizontale étanche (bande bitumineuse, membrane plastique, résine, etc.) au niveau des fondations pour empêcher l’eau de remonter dans les murs.
Cette technique n’existait pas dans les siècles passés :
- soit on n’en connaissait pas l’utilité,
- soit on ne disposait pas des matériaux nécessaires.
Les murs anciens sont donc directement posés sur le sol, sans rupture capillaire, ce qui facilite l’ascension de l’humidité.
3. Un rapport différent à l’humidité
Avant le XIXᵉ siècle, les constructions étaient pensées pour respirer.
Les mortiers à la chaux et les enduits perméables laissaient l’humidité s’évaporer naturellement.
Aujourd’hui, nombre de ces maisons anciennes ont été recouvertes d’enduits modernes (ciment, peintures plastiques, doublages étanches) qui bloquent la respiration des murs. Résultat :
- l’humidité ne peut plus s’évaporer,
- elle sature les murs,
- les remontées capillaires deviennent visibles et parfois importantes.
4. Un environnement propice à l'humidité
Les maisons anciennes se situent souvent dans des zones où :
- le sol est naturellement humide,
- il existe des sources, nappes ou résurgences proches,
- les niveaux du sol extérieur ont été rehaussés au fil du temps, créant une pression d’humidité sur la base des murs.
Quand l’eau entre en contact permanent avec les fondations, le phénomène capillaire s’intensifie.
5. Comment se manifeste ce phénomène ?
Les remontées capillaires provoquent généralement :
- une humidité persistante au bas des murs,
- l’effritement des enduits,
- des efflorescences blanches (sels),
- des peintures qui cloquent,
- parfois une odeur de moisi.
Ce ne sont pas des infiltrations latérales, mais bien une ascension lente de l'eau par les pores du matériau.